Est-il nécessaire de prendre le temps d’accélérer ou bien est-il urgent de ralentir?
Bonjour, je voulais ici dire quelques mots sur la naissance douce d’un collectif local, saint jeannet en transition, qui souhaite s’engager dans une transformation sociale vers plus de sobriété énergétique, vers plus de respect du vivant et vers un équilibre soutenable.
Je me passionne ici pour la subtilité que je perçois dans le déploiement de cette organisme vivant. J’avais envie de partager mes tergiversations en espérant qu’elles susciteraient des retours qui me permettraient d’avancer.
J’observe que l’éventail des profils des personnes qui ont envie de participer à ce genre d’aventures est assez large. On y trouve des personnes déjà très engagées qui ont souvent des connaissances pointues, des expériences variées de plusieurs années et qui consacrent déjà une bonne partie de leur temps à agir dans le sens dont on parle. On y trouve aussi des personnes curieuses, qui ont naturellement une forte sympathie pour l’écologie, qui n’aiment pas voir des cormorans avec des sacs en plastiques dans le bec et qui essaient de trier leurs déchets mais qui n’ont pour l’instant pas encore exploré plus loin leurs démarches. Je ne voudrais pas schématiser et mon propos n’est pas ici de ranger les gens dans des cases. Il y a beaucoup de nuances et je n’ai pas la prétention de dresser une sociologie exhaustive (Pour cette question, Loic Steffan parle ici des personnes qui adhèrent à sa page Facebook, la collapso heureuse). Ce que j’essaie simplement d’amener c’est le constat d’une grande diversité.
Au sein du collectif que l’on a monté, on a clarifié qu’on souhaitait s’inscrire dans un mouvement d’accueil de là où en est chacun-e. Générer de la coopération, de la créativité, mutualiser et faire confiance dans la puissance du collectif.
Il me semble qu’un élan qui nous porte est celui de l’ouverture, autrement dit, éviter de se retrouver dans un entre-soi de gens très compétents (cons-pétants?) et très… seul(s)… ou du moins peu nombreux…
Un ami, ancien chef d’entreprise, me partageait qu’il était difficile pour lui de choisir le train plutôt que l’avion ou de choisir de diminuer sa consommation de viande. Il m’expliquait que dans sa vie, lorsqu’il faisait quelque chose de «bien» il recevait une reconnaissance ou une appréciation. Alors qu’il n’en reçoit pas lorsqu’il choisit de mettre en place un geste ou une habitude qui vise à diminuer son empreinte carbone.
S’est alors posée la question de la motivation. Dans quel objectif fait on un tel geste. Je vous propose à cet endroit d’écouter l’émission grand bien vous fasse d’Ali Rebeihi avec Sebastien Bohler, qui parle des différents mécanismes de récompenses hormonales qui sont à l’œuvre dans notre système neurologique.
Ce qui m’est venu c’est la puissance du collectif, l’entrain que procure l’appartenance à une communauté. Côtoyer des personnes qui placent assez haut dans leurs priorités l’intention de créer des nouvelles façons de vivre plus en lien avec leurs convictions écologiques donne de l’énergie pour le faire à notre tour. Lorsqu’une personne partage par exemple qu’elle a fabriqué sa lessive avec du lierre, qu’elle a transféré ses comptes dans une banque éthique, qu’elle est passée à un fournisseur d’électricité 100% renouvelables, qu’elle a découvert une recette exquise avec une alternative aux protéines animales… Ca ouvre une porte vers une expérimentation qui n’est pas engageante et qui permet de faire des petits pas. Si j’ai bien compris, le cerveau délivre alors une dose d’hormones de plaisir en lien avec la mise en cohérence de nos pensées et de nos actes, avec la joie d’entrer en résonance avec un collectif qui porte des valeurs qui nous sont chères, avec l’intense plaisir de contribuer au déploiement de la vie, à la co-création du monde dans lequel on rêve de vivre et à la satisfaction de prendre en compte l’interdépendance…
Et en même temps…
Certain-e-s d’entre nous peuvent trouver que ce faisant, on saupoudre, on se concentre sur les trois grains de sel sans s’occuper du steak (Merci Yann pour la métaphore). Bref, on ne va pas assez vite…
Parce que selon certaines études, il y a une urgence. Sans citer une liste exhaustive, qui s’allonge de jour en jour, de personnes d’origines professionnelles multiples, qui accumulent les rapports, les ouvrages, les études, j’ai envie de rappeler que l’ONU, suite au dernier rapport du GIEC (Groupement intergouvernemental des experts pour l’évolution du climat) a dit que nous avions deux ans pour enclencher une démarche qui tend à diviser par 6 notre consommation d’énergie d’ici 2030, sans quoi un mécanisme d’emballement allait se mettre en œuvre et nous amener à dépasser les +2°C en 2050. Ces +2°C sur la surface totale du globe pourraient devenir des +5° sur les continents et réduire drastiquement les rendements agricoles. On parle alors d’un risque prononcé de voir la moitié de l’humanité disparaître.
Oui… Rien que ça…
Alors oui, depuis ces constats là, il y a urgence. Et je me relie bien aux personnes qui souhaitent aller vite! Je vous partage en dessous un mot relayé par Jean-Marc Jancovici sur un article de CNN qui relate le dernier rapport d’un membre d’un think tank australien et d’un ancien cadre dans les énergies fossiles.
Alors? Est-il nécessaire d’accélérer? Ou bien urgent de ralentir?
Résultat, je perçois quelque chose qui ressemble à un mélange sucré salé, une alliance, foie de volaille / crème chantilly végane, une polarité indigeste et un contraste délicieux qui me donne l’impression d’essayer d’accueillir la diversité que nous sommes, le moi d’aujourd’hui et le moi de demain (qui trouvera sans doute que je n’en faisais pas assez), sans oublier le moi d’hier.
Je vous soumets donc cette attention que j’ai envie de porter à la fois sur l’accueil bienveillant et constructif de là où nous en sommes, chacun, chacune et la conscience d’un caractère d’urgence qui donne envie d’agir plus vite, plus en profondeur. Avec ce que je trouve être un écueil structurel : l’envie de convaincre.
Peut-être certain-e-s trouveront que je joue sur les mots. La différence entre ce que j’appelle convaincre et ce que j’appelle informer se situe dans l’attente que j’ai ou pas que l’autre adhère et change ou pas. Si c’est pas clair, je veux bien prendre plus de temps pour détailler. Ca parle d’interdépendance et de respect de la liberté d’autrui à disposer de soi.
Ce que je ressens en écrivant ça, c’est que je n’ai pas envie de vivre quelque chose de contraignant, de faire fonctionner des mécanismes de peur et de menace, je n’ai pas envie de voir les gens prendre acte, transformer leurs habitudes parce qu’ils craignent quelque chose ou parce qu’ils se sentent coupables. J’ai envie d’œuvrer pour que la transformation se fasse depuis un espace de conviction, de respect du rythme de chacun, de joie et de liberté.
C’est comment pour vous?
PS: au passage, on s’est lancé dans la lessive au lierre et on en a 6L, on en donne à qui veut!! 😉
Nafeez Ahmed : Un nouveau rapport indique qu’il est « hautement probable que la civilisation humaine s’effondre » en 2050
Le seul moyen d’éviter ce scénario serait « une mobilisation d’urgence comparable à la Deuxième Guerre mondiale ».
« Une sombre analyse présente comme plausible l’effondrement de la civilisation humaine dans les prochaines décennies à cause des changements climatiques. Ce rapport est rédigé par David Spratt, le directeur de Breakthrough National Centre for Climate Restoration, un think tank de Melbourne, en Australie, et Ian Dunlop, qui a été cadre de Royal Dutch Shell et auparavant président de l’Australian Coal Association. Un ancien chef de la Défense nationale et commandant de la Marine royale de l’Australie en signe l’avant-propos. »
Voir également cet article de CNN : https://edition.cnn.com/…/climate-change-existen…/index.html
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Je retiens ce bout de phrase: « … 2 ans pour diviser par 6 notre consommation d’énergie, sans quoi un mécanisme d’emballement allait se mettre en œuvre… » et j’en pense que c’est impossible qu’on diminue notre consommation d’énergie de 10% d’ici deux ans. De ce fait, mentionner un objectif (83% de baisse en deux ans) aussi utopique est politiquement contre-productif. Comme si on preferait avoir raison entre soi et contre tous (et récolter les récompenses hormonales correspondantes) plutot que reflechir et militer pour des mesures politiquement envisageables et allant dans le bon sens.
papid
Salut DD!! en fait c’est un mec que j’connais bien DD, il a utilisé un ordi sur lequel j’étais logué, résultat, son commentaire apparaît comme s’il était de moi…
Bref! Pour que je comprenne bien DD, tu dis qu’y a des gens qui préfèrent avoir raison entre eux et contre tous plutôt que de réfléchir et militer pour des mesures politiquement envisageables et allant dans le bon sens, c’est qui ce «on» en question ?